dimanche 3 avril 2011

Pourquoi je déteste faire cours un premier avril

Je n'avais pas réalisé avant d'être professeur l'impact que ce changement de mois pouvait avoir sur mes monstres décérébrés, oui j'ai bien nommé mes élèves adolescents.

Pour toute personne ordinaire, (oui comme toi) le premier avril, ça veut dire que le pote un peu lourd va essayer de te faire gober que son chien est mort, qu'il est atteint d'une grave maladie, ou qu'il a fait cramer ta nouvelle voiture, ce après quoi il fera résonner la pièce où vous vous trouvez de son légendaire rire gras.

Pour un prof qui a cours ce jour-là, c'est un jour d'enfer. Un jour où il faut être encore plus vigilant que d'habitude, parce que le moindre moment d'inattention peut te coûter un papier ridicule accroché dans le dos. Je vais partager avec toi cette journée de vendredi 1er avril 2011, que j'ai rebaptisée "la journée des gros débiles surexcités" (oui je sais c'est trop long).

7h30 : j'arrive au collège, afin de préparer mes photocopies, faire de l'administratif, et me renforcer psychologiquement. Pour le moment l'ennemi n'est pas encore arrivé.

7h45 : les monstres ont l'autorisation  d'investir les locaux. Premiers hurlements de bêtes, type " va t'faire enc***, espèce de **** de ta ****. Je soupire et mon gobelet tremble légèrement dans ma main soigneusement manucurée et marquée de traits de feutre (j'arrive jamais à bien les reboucher du premier coup).

8h00 : première sonnerie. Les monstres, conditionnés par la douce mélodie qui résonne à leurs oreilles, s'attroupent en braillant. Début de la parade dite de la "bise matinale" chez les filles ou du "check" pour les mâles.

8h 02 : j'esquive un premier poisson, grossièrement collé à mon dos par un élève qui tente de faire passer cela pour de la maladresse.

8h 03 : je me rends compte que je commence à 9h00 en fait. Je suis conne. Je tente de garder la face en prétextant un oubli de clés.

8h 45 : aurais-je dû reprendre un caffééé? J'suis pas sûre.

8h 55: Sonnerie. Ca y est, il faut y aller, bordel. Sois forte, Félis, sois forte.

9h 00: Mes élèves tentent de me faire croire, en pouffant comme des foufous, qu'ils ont TOUS oublié leurs affaires. Ok, c'est mignon, je souris et prétend trouver cela hilarant. A mon tour, je prétends qu'ils ont tous en-dessous de la moyenne à leur contrôle, ils semblent moins sensible à mon humour. Manque de subtilité propre au cerveau adolescent sans doute, je suis irrésistible normalement.

9h 05 : En fait, la moitié ont VRAIMENT oublié leurs affaires. Je les hais.

9h 05- 12h00 : je crois que j'ai oublié ce qui s'est passé pendant ces heures, pitié ne me demandez pas de les raconter. Un truc à base de cris, d'encre et de feuilles qui volent, c'est tout ce qui me revient.

12h05 : chouette, y'a des frites à la cantine. Je vais prendre un beignet en dessert, comme ça ça fera équilibré.

13h 00 : j'aurais pas dû prendre un beignet en dessert.

14h 00 : je viens de me rappeler que j'ai cours. Ma classe m'attend, surexcitée.

14h05-14h50 : bilan de l'affrontement prof/élèves : une dictée surprise pour les calmer (sans effet), plusieurs hurlements de type "mais tais-toiiiiiiiiiii", et une leçon de grammaire pour moi, trois poissons collés à mon sac dont un qui mentionne que je porte une perruque pour eux. Les fourbes, les malotrus, les enc****...

Ils ont donc gagné une bataille, je ne m'étais pas suffisamment préparée, mais l'année prochaine je reviendrai équipée et je les aurai. Je les aurai.....

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