mercredi 8 juin 2011

Bonheur de comédienne, malheur de prof

Aujourd'hui, j'ai connu extrême joie et enduré horrible froidure (pardon Louise Labbé).

Il suffit d'une heure avec certains de mes élèves pour que je désespère de la nature humaine, de son intelligence, ou plutôt en l'occurrence de son manque d'intelligence. Ben oui, petit blog, quand un quatrième prognathe aux dents baguées confond Arthur Rimbaud avec Rambo, qu'il met un moment avant de comprendre sa bourde, pour enfin affirmer dans un grognement typique de l'ado ingrat que "c'est pareil", j'ai mal. Mais quand l'ensemble de la classe trouve ça hilarant, avant de me demander sincèrement si Rambo était vraiment poète, là, un violent désespoir m'assaille, suivi d'une envie de distribuer des bourre-pifs.

Loin de moi l'intention d'amalgamer en une seule catégorie tous les collégiens. Certains sont dotés d'un cerveau en état de fonctionnement, qu'ils utilisent régulièrement d'ailleurs. Je n'ai juste pas souvent l'occasion de les côtoyer à mon grand désarroi.

En revanche, mon métier de prof me permet parfois de m'amuser, voire de nous en payer une bonne tranche avec mes chers élèves. C'est ainsi qu'aujourd'hui, alors que nous étudiions le théâtre de Molière, la lecture banale d'une scène s'est transformée en improvisation assez marrante, je dois le dire. Quitte à avoir un public, même s'il n'a pas choisi d'être là, de temps en temps j'aime bien me lâcher. C'est donc avec enthousiasme que j'ai tenté de transmettre ma passion pour le théâtre, ainsi que le bonheur que procure le fait de partager le jeu théâtral, cet échange entre acteurs et public (pour peu qu'une alchimie s'installe). Oui bon, je me la pète là, ok, mais c'est ma minute de gloire, alors on ne me pourrit pas mon moment! J'ai lu, puis joué, puis mimé, puis rejoué avec variantes à la demande de mes 6e ravis.

Non seulement ils ont ri, mais à la fin de l'heure j'ai eu droit à ma première "standing ovation". J'étais émue comme si on m'avait donné une récompense, c'est con hein?

Parfum retro : Habanita






Créé par Molinard en 1921, a priori, c'est le parfum que je n'aurais jamais eu envie de porter. Il avait suffi qu'on le compare au célèbre Shalimar de Guerlain pour que je l'associe à la moue de dégoût que faisait ma mère.

"Un vieux parfum", autrement dit un parfum pour les vieux.Une grand-mère qui sort de la messe, une cocotte avec une mise en pli bien lisse, le cauchemar des migraineuses.

Pourtant, je suis séduite. Au départ, j'ai été agressée par l'opulence du côté fleuri oriental. Puis bizarrement, sur mon poignet, j'ai senti peu à peu toute la douceur vanillée et le charme poudré d'Habanita. Comme une réminiscence d'héroïnes disparues bien loin de ce que j'imaginais.

Alors quand je passe une journée difficile, porter ce parfum me rassure et m'aide un peu à supporter la morosité ambiante.

Et par morosité ambiante, j'entends récriminations d'élèves à propos de substances bizarres atterries par hasard sur leur chaise, bébé qui refuse de faire la sieste, copies à corriger et prise de conscience de l'épuisement de stock de chocolat. Alors il faut un traitement de choc. Habanita. Ou une partie de jambes en l'air. Au moins.