vendredi 27 mai 2011

Pourquoi après des années de bouderie, j'aime la sieste

Parce qu'avant, j'étais conne.

Ou plus exactement, avant j'étais étudiante, je me couchais tard, je me levais encore plus tard, et même si j'étais fatiguée, je pouvais m'écrouler dans un amphi, et végéter en dodelinant de la tête, façon passive et stupide de manifester à mon professeur que je buvais ses paroles. J'avais conscience de la relative tranquillité de mon existence, sans pour autant ajouter foi aux mauvaises langues qui me disaient d'un air sournois "tu verras, après un bébé, ha ha plus de sommeil" (mais pourquoi riaient-ils, c'était un mystère).

Maintenant, ma vie, à tout jamais chamboulée par l'extraordinaire expérience de la maternité, est une succession de nuits presque blanches et de tentatives de siestes.

Cela, je ne te le dis qu'à toi, parce qu'évidemment si je me risquais à le raconter à ma mère, elle me répondrait immédiatement qu'elle n'a jamais eu de problèmes de manque de sommeil et que tout "est une question d'organisation".

Mais il ne s'agit pas de ma mère, je reviendrai à ce sujet épineux dans la rubrique "pourquoi pourrir les autres avec sa mère coûte moins cher qu'un psy".

Donc, nuits presque blanches, au départ parce qu'un bébé est livré avec un estomac de la taille d'un dé à coudre, et qu'il faut le remplir régulièrement. Le temps de te lever, de te rendre compte qu'il n y a plus de biberons de propres si tu n'allaites pas, de les laver, de te rendre compte qu'il n y a plus non plus de dosettes de faites, de nourrir consciencieusement la chair de ta chair non sans afficher un sourire épanoui tout en réprimant des bâillements à t'en décrocher la mâchoire (si si, ceux-là, si profonds qu'on les fait presque en deux temps, avec des soubresauts et tout), déjà tu peux compter une bonne heure. Reste à changer la couche (mais non, ça ne pue pas...), à calmer ta progéniture, à la recoucher, à refaire les dosettes ou laver les biberons, et tu peux aller te recoucher dans ton lit douillet.
Sauf que non.
Bébé se réveille.
Parce qu'il y a les dents.
Parce que câlin.
Parce que bobo.
Parce qu'on ne sait pas, mais il faut y aller.

Et puis il y a les nuits aussi où toi tu ne peux pas dormir, car par un miracle de la nature ton organisme te signifie qu'il faut être en alerte, alors que tout ce que tu veux, c'est dormir, allons soyons fous, jusqu'à 8h00 (disons 8H15 grand max pour une grasse mat').

Enfin, il y a les journées parfois interminables, que je passe à dompter de l'ado au cheveu gras et rebelle, et dont je sors la plupart du temps un chouilla ramollie du bulbe. 

Alors depuis tout ça, j'aime la sieste (quand je peux en faire une). J'aime me vautrer dans mon canapé, même si ça signifie potentiellement avoir un bout de biscuit bébé collé sur la fesse, et profiter de quelques minutes de repos bien mérités.